Le cinéma geek des années 80 : Starfighter (1984)
Rédigé par antistress le 18 mars 2012 - 14 commentaires
He didn't find his dreams... his dreams found him.
Introduction
Notre panorama se poursuit avec Starfighter (titre original : The Last Starfighter, littéralement : le dernier combattant des étoiles) qui sort au cinéma en 1984.
Rappelons rapidement le contexte culturel, toujours aidé par Wikipédia, en citant quelques films sortis la même année : Brainstorm, Dead Zone, Scarface, L'Étoffe des héros, Le Retour de l'inspecteur Harry, Police Academy, Indiana Jones et le temple maudit, Les Ripoux, Paris Texas, Greystoke : la légende de Tarzan, Marche à l'ombre, Splash, Amadeus, L'Histoire sans fin, Gremlins et S.O.S. Fantômes (accompagné du tube de Ray Parker Jr). François Truffaut décède cette année là.
Côté littérature, Marguerite Duras publie L'Amant, et côté politique, Jacques Delors devient président de la Commission Européenne.
Coté télévision, c'est la naissance de Canal+ et son fameux Top 50. L'émission Vitamine sur TF1, présentée par Karen Cheryl, diffuse Sport Billy, Ricky ou la belle vie, Les Snorky, Jem et les Hologrammes, Les Trois Mousquetaires... (Club Dorothée sera créé seulement trois ans plus tard).
Côté musique, c'est l'année du décès tragique de Marvin Gaye, de la naissance d'Avril Lavigne (!) et des sorties d'albums suivants : Born in the U.S.A (Bruce Springsteen), 1984 (Van Halen, avec le tube Jump), Purple Rain (Prince), Like a Virgin (Madonna), The Works (Queen, avec les tubes Radio Ga Ga et I Want to Break Free), Victory (Les Jacksons : ce sera le dernier album de la formation). Bon Jovi et W.A.S.P. sortent leur premier album, et Scorpions sort son tube planétaire Still Loving You. Lionel Richie n'est pas en reste avec Hello. Et puis aussi : I Just Called To Say I Love You (Stevie Wonder) et Wake Me Up Before You Go-Go (Wham!).
Par chez nous, quelques tubes : Besoin de rien, envie de toi (Peter et Sloane), Femme libérée (Cookie Dingler) Envole moi (Jean-Jacques Goldman), Toute première fois (Jeanne Mas), Pour une biguine avec toi (Marc Lavoine)...
Plus proche du thème du film, Apple lance en janvier l'ordinateur personnel Macintosh avec une campagne de pub restée célèbre : le film publicitaire, inspiré de l'œuvre de George Orwell, part d'un monde froid et inhumain dominé par un dictateur (IBM est visé) lorsqu'une athlète détruit d'un coup de masse cette image et fait apparaître un Macintosh pour se terminer par ce slogan : « 1984 ne sera pas comme 1984 ». IBM, justement, commercialise en août le PC/AT, successeur du PC/XT qui succédait lui-même au tout premier PC lancé en 1981. Philips commercialise le premier lecteur de CD-ROM cette année là, Thomson sort le MO5, et Amstrad le CPC 464. Notons qu'en octobre 1984, seulement 1 024 machines étaient raccordées à Internet...
J'ai 7 ans quand le film sort en salles, mais je ne le connaissais pas avant que Mister D (du podcast de l'Agence tous Geeks) ne m'en parle récemment. En effet Starfighter sera programmé le 28 avril prochain sur grand écran au Max Linder à Paris, avec Tron et WarGames, dans le cadre de la Nuit Retro-gaming : n'oubliez pas de réserver vos billets !
Le film
Il s'agit d'un film américain d'action/comédie d'1h41 réalisé par Nick Castle (qui, en plus d'être réalisateur, est aussi scénariste et acteur : c'est sous ces deux dernières casquettes qu'il a collaboré à plusieurs reprises avec John Carpenter avec qui il est ami).
L'histoire est celle d'Alex Rogan, un jeune homme qui vit avec sa mère, son petit frère et sa petite amie Maggie dans un caravaning (le « Starlite, Starbrite ») où, lorsqu'il n'est pas sollicité pour rendre divers services de bricolage, il joue aux combats spatiaux sur une borne d'arcade nommée « Starfighter » dont la voix synthétique déclame : « Salut Starfighter, vous avez été recruté par la ligue stellaire pour défendre la frontière contre Xur et l'armada Ko-Dan ».
Un soir, alors Alex vient de battre le record du jeu, un étrange véhicule arrive avec, à son bord, Centauri, un homme qui lui annonce qu'il est le créateur de Starfighter qui est en réalité un simulateur devant permettre de découvrir ceux qui ont la capacité de piloter un vaisseau de combat stellaire, et que la menace de Xur et de l'armada Ko-Dan est bien réelle.
Le dessin des vaisseaux est dû à Ron Cobb qui a également travaillé sur Alien, Star Wars et un paquet d'autres films de SF connus.
Starfighter, à l'instar de Tron (1982) ou WarGames (1983), est un film vidéo-ludique en ce qu'il reprend beaucoup de codes des jeux vidéos de l'époque.
Avec Tron, c'est un des premiers films à recourir aux images de synthèse (pour les vaisseaux et décors des batailles spatiales). Pour mémoire, Le Retour du Jedi, sorti en 1983, utilisait encore des maquettes filmées. Le film contient environ 25 minutes de scènes en images de synthèse, un véritable de force pour l'époque (le film compte une moyenne de 250,000 polygones par image, à une résolution de 3000 × 5000 pixels, 36-bits de profondeur chromatique, réalisées sur un ordinateur de 7 tonnes et coûtant 15 millions de dollars : le Cray X-MP !). Digital Productions (cette société précurseur n'existe plus) qui était en charge de ces effets a déclaré que cette méthode permettait de diviser le temps par deux et le coût par trois. Au final le film n'a coûté que 14 millions de dollars dont 4,5 millions pour les images de synthèse conçues par Digital Productions (avec 21 millions de dollars de recettes, le film a été rentabilisé mais, comme pour Tron, difficile de parler de véritable succès).
La bande son, excellente, est signée Craig Safan (vous pouvez écouter le thème ici, et l'ensemble des morceaux a été mis en ligne ici). Elle est décortiquée par Quentin Billard ici.
Le verdict
J'ai passé un très bon moment à voir ce film tout public, très stylé années 80, à la croisée des genres : action, comédie, space-opéra...
Les emprunts à Star Wars (1977) sautent aux yeux (les combats spatiaux, la musique, le héros quittant son trou pour mener une bataille décisive), sans qu'on puisse forcément savoir si l'on est dans l'hommage ou la parodie.
Techniquement l'ensemble tient bien la route : réalisation propre, acteurs au niveau, musique symphonique épique très réussie renforçant le côté space-opéra, effets spéciaux qui tiennent encore (surtout compte tenu de la prouesse évoquée précédemment), avec un petit bémol peut-être pour les maquillages qui ne sont peut-être pas les plus réussis à mon goût.
Le film est assez rythmé, on ne s'ennuie pas, et les scènes avec le clone-androïde, qui remplace le héros dans sa famille pendant que le véritable Alex est au front, apporte une dose agréable de burlesque.
Au niveau des regrets : le sort de l'armada de Ko-Dan est réglé un peu trop sommairement, et le méchant n'a pas le sel (ou plutôt le poivre) d'un Dark Vador (probablement à cause de l'orientation un peu parodique du film).
Au final Starfighter possède bien le charme des films de divertissement SF des années 1980 avec ce cocktail que l'on retrouve également dans un Short Circuit par exemple (qu'il n'égale cependant pas) : rythme, originalité, humour et personnages attachants.
Quelques anecdotes :
- Un jeu similaire à celui que l'on voit dans le film a finalement vu le jour en 2007 sous forme de freeware pour Windows (ici).
- Le véhicule avec lequel Centauri vient chercher Alex au début du film a été réutilisé dans Retour vers le futur II (c'est une des voitures garées dans les rues du futur de 2015).
- Les écrans de contrôle de la base spatiale se retrouvent dans d'autres productions telles que V ou Buck Rogers (voir les photos ici).
- J'ai personnellement trouvé une ressemblance entre le design de Grig, l'alien copilote d'Alex, et le Drac de Ennemy Mine, sorti en 1985.
- J'aime beaucoup la tessiture des voix françaises employées dans le film. Alex est doublé par Éric Legrand. Pour la voix française de Maggie j'ai cru reconnaître celles de Stéphanie, l'héroïne jouée par Ally Sheedy dans Short Circuit ou celle de Jennifer, la petite amie de David Lightman, également jouée par Ally Sheedy dans Wargames. D'après Wikipédia, les voix de Stéphanie et Jennifer sont différentes : la première est doublée par Françoise Dasque et la seconde par Amélie Morin. Je n'arrive pas à trouver qui double ici Maggie.
- Un making of est visible ici.
- Lire l'histoire (en anglais) des compagnies pionnières de images de synthèse : Digital Effects, Abel, MAGI, Information International Inc, Digital Productions...