Le libriste est bien souvent un militant : il aime répandre la bonne parole. Celle-ci est-elle pour autant entendue ?
Un travers assez classique des militants en tous genres est de ne s'adresser qu'à des gens acquis à leur cause. C'est un penchant très naturel dans la mesure où des gens partageant les mêmes centres d'intérêt et les mêmes préoccupations sont amenés à se retrouver dans les mêmes lieux d'apprentissage et d'échange.
Le militant du logiciel libre doit faire face à un écueil supplémentaire, en forme de paradoxe : pour pouvoir communiquer avec la personne à évangéliser il va devoir recourir, dans une certaine mesure, au mêmes technologies non-libres que son interlocuteur, celles-là même qu'il entend dénoncer.
La question que tout libriste est amené à se poser tôt ou tard est donc la suivante : faut-il utiliser les technologies non-libres pour promouvoir le Libre ?
Aujourd'hui est parue la quatrième édition du Top high-tech des Big Buzz Blogs.
Il s'agit d'un classement, effectué par le cabinet RCA en partenariat avec Le Post, des dix blogues français (francophones ?) qui buzzent le plus dans le domaine des nouvelles technologies, des jeux-vidéos, des logiciels, accessoires et autres gadgets high-tech.
A noter que l'objectif du classement n'est pas de faire ressortir les blogues ayant la plus forte audience mais ceux dont « l'influence » (mesurée à partir de l'évolution du nombre de liens entrants et de commentaires) a le plus progressé ces trois derniers mois. Ce ne sont donc pas nécessairement les blogues établis qui ressortent du classement dont l'objet est a priori plutôt de faire connaître de nouveaux blogues.
A peine ouvert (ceci expliquant d'ailleurs peut-être cela), mon blogue se hisse à la deuxième place du podium. La classe, tout simplement.
En tout cas jusqu'à récemment : car la notion de geek a évoluée. On est passé du geek-bidouilleur au geek-consommateur au fur et à mesure que l'outil informatique se démocratisait. Du coup, la définition est bien plus aisée aujourd'hui.
En complément de mon précédent billet intitulé sans ambiguïté « Fuyez Mono ! », je vous propose la traduction de la réaction de la FSF à l'annonce faite par Microsoft d'appliquer sa Community Promise aux spécifications ECMA 334 et ECMA 335 (article original).
Pour mémoire :
La spécification ECMA 334 recouvre les standards définissant l'interprétation des programmes écrits en C# tandis que la spécification ECMA 335 recouvre la
Common Language Infrastructure (CLI), une spécification pour l'exécution de ces programmes dans différents environnements via une machine virtuelle.
En vertu de la Community Promise, Microsoft s'engage sous certaines conditions à ne pas attaquer en justice ou réclamer le paiement d'une redevance pour l'utilisation, la vente, la distribution de n'importe quelle implémentation de C# et de la CLI.
Mono est une implémentation libre de la plate-forme de développement Microsoft .NET dont C# et la CLI forment le socle.
Ceux qui lisent mon blogue régulièrement savent que je fuis Mono comme la peste ; mon ancien blogue comportait d'ailleurs une catégorie dédiée énonçant les alternatives aux logiciels monoïsés que l'on commence très malheureusement et très inconsciemment à trouver dans nos distributions GNU/Linux – jusque dans la traditionnelle Debian, c'est dire.
Pour expliquer pourquoi je fuis Mono, je dirai simplement que Mono c'est le loup déguisé en mère-grand pour dévorer toute la communauté du Logiciel Libre.
Arrêtons-nous un instant sur cette métaphore illustrée par les gravures de Gustave Doré :
La première gravure montre Microsoft, depuis toujours en embuscade, cherchant le moyen d'entraver l'avancée du Logiciel Libre.
Après un round d'observation, Microsoft passe à l'offensive en découvrant un maillon faible du Logiciel Libre en Novell qui prête une oreille plus qu'attentive aux promesses économiques de Microsoft (deuxième gravure).
Le round qui se déroule actuellement consiste à diffuser Mono sous l'apparence d'un logiciel libre pour permettre, le jour venu, de porter au Logiciel Libre un coup que Microsoft espère fatal (troisième gravure).