Rassurez-vous, il ne s'agit « que » de métadonnées. Vraiment ? Mais ne s'agit-il pas « que » de votre vie privée en fait ?
Rédigé par antistress le 25 janvier 2014 - 2 commentairesJe ne résiste pas à l'envie de partager avec vous cette partie de la conférence donnée le 12 décembre 2013 par Bruce Schneier, à l'invitation d'Eben Moglen (j'adore ce type), suite aux révélations d'Edward Snowden (la conférence, vraiment très instructive, dure 1h05 + 25min de questions-réponses)
Il s'agit de bien souligner l'enjeu de l'espionnage des métadonnées (contrairement au discours de banalisation qui nous est servi par les autorités).
Je donne en premier ma traduction, puis la version originale :
Version traduite
Bruce Schneier : Au moment des premières révélations concernant Verizon et l'espionnage des téléphones portables, une des justifications avancées était – le Président l'a dit – : « Ne vous en faites pas, il s'agit uniquement de métadonnées. Personne n'écoute vos conversations ». Je pense que c'est extrêmement.... Je ne trouve pas le mot...
Eben Moglen : Fourbe.
Bruce Schneier : Oui, c'est ça. Parce que les métadonnées sont synonyme de surveillance. Et c'est facile à comprendre.
Imaginez que vous louiez les services d'un détective privé pour espionner quelqu’un. Ce détective cacherait un micro dans le foyer, dans la voiture et dans le bureau de cette personne et vous obtiendriez le compte-rendu de ses conversations. Voilà ce que sont les données. Si vous demandez au même détective privé de surveiller quelqu'un, vous auriez un compte-rendu différent : où il est allé, à qui il a parlé, ce qu'il a acheté, ce qu'il a lu. Tout cela sont les métadonnées.
Quand le Président dit : « Ne vous en faites pas, il s'agit uniquement de métadonnées », j'entends : « Ne vous en faites pas, vous êtes simplement sous surveillance 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 ».
Version originale
Bruce Schneier: When the first stories about Verizon and cellphone eavesdropping, one of the defenses was-- the President said this-- he said, : "Don't worry, it's all metadata. No one is listening to your conversations." I think this is an extremely... I don't know what word I want to use...
Eben Moglen: Disingenuous.
Bruce Schneier: Yeah, and it is. Because metadata equals surveillance. And it's easy to understand this.
Imagine you hired a private detective to eavesdrop on somebody. That detective would put a bug in their home, and their car, and their office, and you would get a report of their conversations. That's what the data is.
If you ask that same detective to surveil somebody, you'd get a different report: where he went, who he spoke to, what he purchased, what he read. That's all metadata.
When the President says, "Don't worry, it's just metadata" I hear "Don't worry, you're all just under surveillance 24/7."
Conclusion
Dorénavant, lorsqu'un responsable politique vous expliquera que les téléphones des journalistes ne sont pas sur écoute mais que « seules les métadonnées » sont collectées (cf l'affaire des « fadettes », abréviation des factures téléphoniques détaillées), ou lorsque vous lirez qu'il est possible de collecter les numéros de téléphone portable des personnes alentour ou encore qu'il est possible de pirater les moyens de paiement sans contact (technologie NFC) mais que cela ne concerne « que » la liste des achats, les adresses et les horaires de ceux-ci, vous devriez mieux situer mieux l'ampleur des enjeux...