Qu'est-ce qu'un geek aujourd'hui ?
Rédigé par antistress le 16 mars 2010 - 25 commentairesQu'est-ce qu'un geek ?
La réponse à cette question n'a rien d'évident.
En tout cas jusqu'à récemment : car la notion de geek a évoluée. On est passé du geek-bidouilleur au geek-consommateur au fur et à mesure que l'outil informatique se démocratisait. Du coup, la définition est bien plus aisée aujourd'hui.
Une victime de la mode
Le geek d'aujourd'hui est friand de gadgets high-tech. Cette prédisposition est renforcée par d'habiles campagnes marketing dont l'objet est de rendre désirable tel ou tel produit au plus grand nombre. Le geek moderne est une victime de la mode.
La contamination marketing de quelques membres prescripteurs d'une tribu accroît encore l'effet de ces campagnes : la notoriété ainsi obtenue de telle ou telle marque au sein de la tribu créée une forte pression sociale à l'achat de gadgets dont l'image est « cool ». L'achat s'impose alors, pour être à parité avec les autres membres de la tribu. Le geek d'aujourd'hui adopte le plus souvent le comportement d'un mouton.
Un faux expert ès nouvelles technologies
C'est l'évolution la plus marquante : contrairement au geek d'hier, le geek d'aujourd'hui ne montre pas d'habilité particulière dans le maniement et la compréhension globales des outils informatiques. En revanche il a une maîtrise très ciblée de certains usages de l'outil (comme surfer sur le Web, garder le contact en ligne avec sa tribu, utiliser tel gadget high-tech etc.) qui créent l'illusion qu'il maitrise l'outil lui-même. La plupart des geeks modernes ne se soucie pas des mécanismes qui rendent possibles ces usages ni n'appréhende la portée de leurs activités, notamment les risques en termes de sécurité ou les conséquences en matière de vie privée et de libertés.
Tout est sous contrôle. Le nôtre.
C'est tout ?
J'ai bien conscience que les affirmations de ce billet ne sont absolument pas étayées : il s'agit purement de mon ressenti des choses, qui repose sur les comportements que j'observe autour de moi.
Toutefois, sur la question des geeks d'aujourd'hui qui ne sont pas des bidouilleurs, je vous renvoie à une interview très intéressante de Jean-Noël Lafargue (« Les jeunes ne sont plus intéressés par l’outil-ordi » sur laquelle il revient sur son propre blogue) qui complétera parfaitement mon billet.
Deux remarques pour finir :
Premièrement, Apple est omniprésent dans ce billet car il me semble difficile aujourd'hui d'être un bon geek (au sens développé dans ce billet) sans posséder tout ou partie de la panoplie de la marque à la pomme qui montre une grande efficacité marketing. Apple occupe aujourd'hui la position qu'occupait Microsoft précédemment : la marque est incontournable et ses précédentes campagnes marketing (pourtant pas si anciennes) à base de slogan « Think different » sonnent étrangement aujourd'hui.
Difficile en tout cas de trouver des appareils moins bidouillables que ceux d'Apple (iPhone, iPad...) qui sont tellement fermés qu'ils ne laissent qu'une faible initiative à l'utilisateur, condamné dans un rôle de consommateur passif (en l'occurrence, celle d'acheter de nouvelles applications auprès d'Apple...). Sans compter que les pratiques commerciales de la firme sont pires que celles que Microsoft a jamais eu... prenons l'exemple de l'iPhone : qu'aurait-on dit s'il n'avait pas été possible d'installer un navigateur concurrent d'Internet Explorer sous Windows ?
A lire également :
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- Mon iPhone m'a entuber (ou les joies du format propriétaire) sur le blogue « mon iPhone m'a tuer »
Deuxièmement, accepter ce glissement sémantique du terme geek permet de comprendre pourquoi Monsieur François Fillon est bel et bien un geek.
Que faire si l'on est un geek de l'ancienne génération, un geek-bidouilleur, avide de savoir et de comprendre (ah, l'époque où je mettais en application le manuel de BASIC de mon micro-ordinateur Thomson MO6 de la première à la dernière page) ? Trouver un nouveau qualificatif, car celui de geek a été dévoyé et ne s'applique plus à vous. Il y a donc de la place pour imaginer un nouveau terme pour nommer ces geeks-bidouilleurs, ceux qui, sans être forcément des hackers, sont plus que de simples consommateurs de nouvelles technologies. Qui se lance ?
Au sujet des illustrations de ce billet :
La première est tirée d'une publicité Apple.
La deuxième illustration « Think different/iPhones » est une composition réalisée par mes soins à l'occasion de ce billet et placée sous licence CC BY-SA (comme mes écrits sur ce blogue).
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